La construction de
l’église de
COUME
A
son arrivée à Coume, début
1855, le curé Pierre TERVER trouva
l’église dans un état
alarmant : murs
du chœur et du clocher lézardés,
toiture du chœur et de la nef
perméables…Quelques travaux de
rénovation avaient
déjà été
entrepris dans le chœur en 1777 alors qu’Antoine
Rhonibier, chanoine de l’ordre
des prémontrés de Wadgassen était
curé de la paroisse. En 1822, des fonds
communaux avaient également permis de surélever
le clocher. En temps que
décimateurs, l’abbé du couvent de
Wadgassen et la comtesse de Créhange avaient
comme obligation d’entretenir l’un le
chœur, l’autre la nef. Suite à son
adhésion à la confession protestante, la comtesse
refusa toute participation
financière. L’état de
l’église ne pouvait qu’empirer. De plus
et malgré
l’installation d’une tribune,
l’église finit par s’avérer
trop petite par
rapport au nombre croissant de paroissiens. Face à cet
état des choses le curé
TERVER conçut le projet de remplacer cette église
par la construction d’un nouvel
édifice.
Après avoir
délibéré sur le projet le 4
février 1867, le conseil de
fabrique décida d’alerter les autorités
communales, préfectorales et
épiscopales.
Mais son intervention demeura
sans réponse.. Après
l’élection d’une nouvelle
municipalité avec à sa tête
Jean-Jacques JAGER, une meilleure collaboration s’installa
entre mairie et
presbytère. Mais même si le conseil municipal et
le conseil de fabrique étaient
tombés d’accord quant au projet, un
problème subsistait cependant:
celui des fonds nécessaires pour le
réaliser.
Le conseil de fabrique
était, à l’époque, propriétaire
d’une parcelle d’environ 29
hectares dans la forêt en direction de Guerting. Une demande
fut adressée à
l’autorité compétente pour pouvoir y
faire une coupe de bois et employer le
produit de la vente pour financer la construction de
l’église mais elle fut
refusée, la parcelle étant située en
zone militaire. Une nouvelle proposition
consistant à échanger cette parcelle avec une
autre d’une superficie égale sise
dans la réserve communale fut acceptée. Ainsi
l’une serait classée quart de
réserve et l’autre exploitée au profit
de la construction de l’église avec
défrichement du terrain et son partage en parts
égales entre les habitants de
la commune. Telle est l’origine de la
« coupe de
l’église » ou
« kirchencoupe » . Mais
une opposition sourde contre la
réalisation de ce projet s’était fait
jour parmi certains éléments de la
population. Elle se manifesta par l’envoi aux
autorités parisiennes de lettres
anonymes dont la teneur était loin
d’être objective. Après
réfutation des
griefs et arguments de l’opposition par le curé
TERVER, convoqué pour cette
affaire à la préfecture, les autorités
préfectorales et épiscopales donnèrent
leur accord pour la réalisation du projet. Le 20 novembre
1867 était lancé un
emprunt de 50000 frs.
L’adjudication publique pour la
construction de l’église se déroula
à
Coume le 19 décembre 1867. M. MARCHAL, entrepreneur
à Metz, fut déclaré
adjudicataire par M. Jacquemin, architecte de Metz, et
agréé par le maire de
Coume, M. JAGER.
Le
lendemain de la fête des rois
(7 janvier 1868), le mobilier et les objets du culte furent
remisés dans la
salle d’asile. Une dernière messe a encore
été célébrée le
13 janvier 1868
avant le démontage de l’autel et son transport
dans la salle d’asile.
Le 14 janvier 1868 débutaient les
travaux de démolition de l’église
après avoir auparavant procédé au
transfert des dépouilles mortelles du
cimetière entourant l’église vers le
nouveau cimetière. Le remblai de
l’ancienne église, la chaux du pays messin et les
pierres d’une carrière
d’Ittersdorf servirent aux fondations. La veille de la
fête Dieu en mai 1868
avait été choisie pour la
bénédiction de la pierre angulaire (la
première
pierre). Cette pierre fut insérée dans un des
angles de la tour avec des pièces
d’argent à l’effigie de Pie IX et de
Napoléon III et une plaque de zinc
comportant l’inscription
suivante : « Sous le pontificat de
Pie
IX, sous l’empire de Napoléon III, sous
l’épiscopat de Paul Marie Georges Dupont
des Loges, en l’an 1868 a été
construite cette église par les produits
forestiers de cette commune ayant pour maire Jean Jacques Jager, pour
adjoint
Jean Georges Konne, pour curé Pierre Terver, pour
chantre-instituteur-greffier
Nicolas Boutres, pour conseillers municipaux Pierre Berviller, Jean
Pierre
Albert, Philippe Douilly, Nicolas Borr, Alexandre Gresset, Alexandre
Lacroix,
Pierre Blanc, Jean Pierre Albert le jeune et pour conseillers et
marguilliers
de la fabrique Jean Pierre Gouvion, président, Jean Pierre
Epinger, secrétaire,
Jean Goudron, trésorier, Jean Pierre Albert et Nicolas
Schmitt, membres,
architecte Jacquemin de Metz, entrepreneur Auguste Marchal de
Metz ».
Les travaux
allèrent bon train au
début mais un net ralentissement se fit sentir par la
suite.Les habitants
tenaient à rentrer les récoltes et
délaissaient le chantier. Une période de
pluie ne devait guère arranger les choses. Malgré
le passage de l’évêque, les
travaux stagnaient.
Pour hâter les
travaux, le
curé
Terver contre l’avis de tous décida en accord avec
l’évêque de fixer la date et
le jour de la consécration de l’édifice
au 8
octobre 1869. Cette décision
controversée s’expliquerait par le
désir du
prêtre de procéder à la
cérémonie
le jour où on célèbre la
Nativité de Marie.
Il se trouvait également que cette
date coïncidait avec son anniversaire et le patronyme de sa
paroisse natale.
Mis devant le fait accompli, les habitants redoublèrent
d’effort pour que tout
se passe au mieux pour la date retenue. En avril 1869, le conseil de
fabrique
avait déjà opté pour un grand autel en
marbre. Un
accord venait également
d’être trouvé quant à la mise
en place des
autels latéraux.
Ainsi
le 8 octobre 1869, Mgr Dupont des Loges,
évêque de Metz, consacra la nouvelle
église sous le vocable de St Martin.
Dans l’autel avaient été
insérées
des reliques des St Livari, Crescenti, Innocenti, Valentini, et Martini
fabriquées par la commune et ornées
grâce à
la générosité des fidèles
de la
paroisse ainsi que les plans et devis établis par M
Jacquemin,
architecte de
Metz et M Marchal, entrepreneur de Metz. La messe fut
célébrée par
l’abbé
Beauvallée, vicaire général,
assisté de
l’abbé Burtard, curé
d’Ottonville et
l’abbé Lacroix de Coume.Le père Goeder,
rédemptoriste du couvent de Téterchen,
prononça l’homélie.
Pour la
cérémonie de
consécration, l’évêque
était
assisté de l’abbé Albert,
curé de Hargarten
et
l’abbé Lacroix de Coume.Une quarantaine de
prêtres
et une foule nombreuse
assistèrent à la cérémonie.
Auparavant, le
saint sacrement avait été
transféré
en procession de la salle d’asile dans son nouveau lieu de
culte
aux sons d’une
fanfare composée d’une vingtaine de musiciens de
Boulay.
A l’occasion du conseil de
révision des conscrits du canton de Boulay, M. le
Préfet s’était lui-même rendu
à Coume le 20 octobre et avait adressé ses
félicitations au maire pour la
contribution apportée à la construction
d’un si bel édifice, non encore achevé
mais dont la renommée s’était
déjà répandue au-delà des
limites de la
commune.Par la suite, les travaux se poursuivirent tant à
l’intérieur qu’à
l’extérieur du sanctuaire : revalement,
pose de la croix et du coq,
installation de la statue de St Martin, pose des marches de
l’escalier,
finition du portail, installation des portes…
Le changement de
régime suite à
la défaite française lors de la guerre de
1870-71, ne devait en rien entraver
la poursuite des travaux. Suivant un plan de P. Weber, maitre
menuisier, des
stèles furent installées dans le chœur,
de s cadres posés pour le chemin
de
croix, des sculptures ornèrent les chapiteaux.
Pierre Terver
décéda le 24 avril 1882. Sur son
lit de mort, il manifesta le désir d’avoir comme
successeur son neveu Jean
Pierre Terver, curé de Creutzwald. Ce désir ayant
été exaucé, le neveu continua
son œuvre entre autre en dotant cette église de
style néo-gothique d’une
sonnerie de quatre cloches et en poursuivant son aménagement
intérieur.
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