Histoire et patrimoine
D'argent chapé d'azur, à la comète d'or posée en bande
Les Calvaires
Les 14 Saints intercesseurs

Un calvaire bien particulier dédié aux 14 saints intercesseurs aussi appelés saints auxiliaires a été érigé à Coume, probablement au début du 19ème siècle. Il se trouve aujourd’hui devant la maison de Mme Marthe Dechoux, 15, rue de Verrières. Sur le socle, dans la pierre, on distingue clairement 14 personnages tenant un objet surmonté d’une inscription en langue allemande « die 14 Nohthelfer zu Gütenheim ». La croix a été érigée à la demande de Anne Marie GUIR, fille de Jean GUIR, maire de Coume, née le 2 janvier 1792 à Coume et qui épousa le 18 Février 1813 Claude PRINTZ « sans le consentement des   parents». C’est l’abbé TERVER, curé de Coume qui bénira le 15 août 1860 le calvaire érigé selon la volonté de A.M GUIR à sa  mémoire et à celle de son mari décédé en 1837. Ce calvaire sera très longtemps un lieu de procession pour la bénédiction des champs et des récoltes à la St Marc. Quant aux 14 saints intercesseurs, les recherches effectuées par Gustave Kremer et Clément Douilly nous apprennent qu’ils étaient aussi importants dans l’imagerie populaire que le serait aujourd’hui un médecin généraliste puisqu’on priait :
  • St Blaise (3 février) pour les affections de la gorge
  • St Georges (23 avril) contre les maladies de la peau
  • St Acace (8 mai) contre les angoisses et maux de tête
  • St Erasme (2 juin)  contre les coliques et le mal de ventre
  • St Guy (15 juin) contre les  maladies des nerfs et morsures de bêtes
  • Ste Marguerite (20 juillet) contre le mal de dos
  • St Christophe (25 juillet) contre les accidents de voyage, la peste et les orages
  • St Pantaléon (27 juillet) contre l’affaiblissement et l’amaigrissement
  • St Cyriaque (8 août) pour les maladies touchant les yeux et les rhumatismes
  • St Gilles (1 septembre) contre la panique, les frayeurs nocturnes, la folie
  • St Eustache (20 septembre) contre le feu et les brûlures
  • St Denis (9 octobre) contre les possessions diaboliques et les remords de conscience
  • Ste Catherine (25 novembre) pour la protection des étudiants et de la vertu
  • Ste Barbe (4 décembre) contre la foudre et la mort subite






La  Pétaschkritz

Même la route départementale semble respectueusement s’écarter devant ce calvaire qui annonce l’entrée de Coume en venant de Boulay. La « Pétaschkritz » appartient depuis toujours à la mémoire collective sans que personne ne connaisse réellement son origine. Clément Douilly a mené l’enquête dans les archives du conseil de fabrique de l’église de Coume à partir des bribes d’inscriptions que le temps a préservé sur le socle. Plusieurs feuillets quon peut attribuerà l’abbé Hemmer, curé de la paroisse entre 1909 et 1932 confirment que le calvaire a été érigé vers 1835 par Pierre Clessienne, agriculteur, qui selon l’auteur, croyait sa maison « hantée par les mauvais esprits ». Et tout porte à croire que les malheurs qui ont frappé cette famille ne sont pas étrangers à l’édification du calvaire. Pierre Clessienne est né à Coume le 22 janvier 1766 ; il épouse le 9 novembre 1797 Anne Marie Boulanger avec laquelle il aura neuf enfants. Après le décès dans leur jeune âge de trois de leurs enfants, le départ vers l’Amérique de deux autres (qui s’installeront dans les états du Michigan et de la Louisiane). C’est la mère qui meurt à l’age de 54 ans (son nom sera cependant gravé dix ans plus tard dans la pierre par son mari). Il n’est pas interdit de penser que la famille n’a pas été épargnée par l’épidémie de choléra qui frappa la région en 1813 ou par les famines des années 1816 et 1817. Si on évoque enfin son désaccord, en qualité de maire de Coume, avec le curé de la paroisse au sujet de la construction d’un nouveau presbytère qui le mènera devant la Cour ducale de Lorraine, on peut imaginer que le personnage avait toutes les raisons pour en appeler à la clémence du ciel


La Grotte
Le projet d’ériger une grotte à Coume a vu le jour pendant la guerre de 1914/1918. Le vœu d’élever un monument dédié à la Vierge si le village est épargné par les combats et les bombardements devient réalité en 1921. Trois maçons de la commune, MM. Jean Pohl, Joseph Pohl et Désiré Bor avec l’aide de la population et des artisans locaux se chargent de la construction. Le terrain provenant d’une donation faite par M. Nicolas Schutz est mis à disposition par le Conseil de fabrique qui assure le financement de l’édifice. Une souscription est ouverte ; les archives paroissiales révèlent qu’une somme de 5091,85 francs est rassemblée. Le coût définitif de l’opération avoisinera 11000frs. 

L’inauguration :
Le 17 avril 1922 (lundi de Pâques) a lieu la bénédiction de la grotte au cours d’une messe concélébrée par MM. Hemmer (curé de Coume), Schweitzer (curé de Denting), Doublé (curé de Téterchen), Thiry (archiprêtre de Boulay), André (chanoine représentant l’Evêché) et Kaiser (professeur au séminaire de Montigny). M. Jean Schutz, maire de Coume, accueillera le Sous-préfet de Boulay dont le discours sera écourté par la pluie.

 Une existence mouvementée :
Lieu de paix et de recueillement, étape obligée de toutes les processions qui rythment la vie de la paroisse, la grotte connaîtra plusieurs transformations. Un obus (ou une grenade) tombé à proximité pendant la guerre de 1939/1945 nécessitera une première intervention de la part de M. Léon Pohl. La statue de la pitié (Ste Bernadette) sera déplacée devant le promontoire réservé aux homélies. Un calvaire érigé au centre de la place sera repositionné le long du mur. En 1989 enfin, la commune confiera à l’entreprise Ehl de   Château-Rouge la réhabilitation complète de l’édifice pour un montant de 62471,48frs/ht. Plus récemment, c’est M. Klein qui a rénové grilles et statues. La belle tenue de l’ensemble est assurée aujourd’hui par des bénévoles aux mains habiles et discrètes qui entretiennent les abords, renouvellent fleurs et bougies pour que le vœu fait en 1921 se perpétue …






L'église Saint Martin

La construction de l’église de COUME

A son arrivée à Coume, début 1855, le curé Pierre TERVER trouva l’église dans un état alarmant : murs du chœur et du clocher lézardés, toiture du chœur et de la nef perméables…Quelques travaux de rénovation avaient déjà été entrepris dans le chœur en 1777 alors qu’Antoine Rhonibier, chanoine de l’ordre des prémontrés de Wadgassen était curé de la paroisse. En 1822, des fonds communaux avaient également permis de surélever le clocher. En temps que décimateurs, l’abbé du couvent de Wadgassen et la comtesse de Créhange avaient comme obligation d’entretenir l’un le chœur, l’autre la nef. Suite à son adhésion à la confession protestante, la comtesse refusa toute participation financière. L’état de l’église ne pouvait qu’empirer. De plus et malgré l’installation d’une tribune, l’église finit par s’avérer trop petite par rapport au nombre croissant de paroissiens. Face à cet état des choses le curé TERVER conçut le projet de remplacer cette église par la construction d’un nouvel édifice. 

Après avoir délibéré sur le projet le 4 février 1867, le conseil de fabrique décida d’alerter les autorités communales, préfectorales et épiscopales.
Mais son intervention demeura sans réponse.. Après l’élection d’une nouvelle municipalité avec à sa tête Jean-Jacques JAGER, une meilleure collaboration s’installa entre mairie et presbytère. Mais même si le conseil municipal et le conseil de fabrique étaient tombés d’accord quant au projet, un problème subsistait cependant:  celui des fonds nécessaires pour le réaliser.

Le conseil de fabrique était, à l’époque,  propriétaire d’une parcelle d’environ 29 hectares dans la forêt en direction de Guerting. Une demande fut adressée à l’autorité compétente pour pouvoir y faire une coupe de bois et employer le produit de la vente pour financer la construction de l’église mais elle fut refusée, la parcelle étant située en zone militaire. Une nouvelle proposition consistant à échanger cette parcelle avec une autre d’une superficie égale sise dans la réserve communale fut acceptée. Ainsi l’une serait classée quart de réserve et l’autre exploitée au profit de la construction de l’église avec défrichement du terrain et son partage en parts égales entre les habitants de la commune. Telle est l’origine de la « coupe de l’église » ou « kirchencoupe » . Mais une opposition sourde contre la réalisation de ce projet s’était fait jour parmi certains éléments de la population. Elle se manifesta par l’envoi aux autorités parisiennes de lettres anonymes dont la teneur était loin d’être objective. Après réfutation des griefs et arguments de l’opposition par le curé TERVER, convoqué pour cette affaire à la préfecture, les autorités préfectorales et épiscopales donnèrent leur accord pour la réalisation du projet. Le 20 novembre 1867 était lancé un emprunt de 50000 frs. 

L’adjudication publique pour la construction de l’église se déroula à Coume le 19 décembre 1867. M. MARCHAL, entrepreneur à Metz, fut déclaré adjudicataire par M. Jacquemin, architecte de Metz, et agréé par le maire de Coume, M. JAGER.

Le lendemain de la fête des rois (7 janvier 1868), le mobilier et les objets du culte furent remisés dans la salle d’asile. Une dernière messe a encore été célébrée le 13 janvier 1868 avant le démontage de l’autel et son transport dans la salle d’asile. 

Le 14 janvier 1868 débutaient les travaux de démolition de l’église après avoir auparavant procédé au transfert des dépouilles mortelles du cimetière entourant l’église vers le nouveau cimetière. Le remblai de l’ancienne église, la chaux du pays messin et les pierres d’une carrière d’Ittersdorf servirent aux fondations. La veille de la fête Dieu en mai 1868 avait été choisie pour la bénédiction de la pierre angulaire (la première pierre). Cette pierre fut insérée dans un des angles de la tour avec des pièces d’argent à l’effigie de Pie IX et de Napoléon III et une plaque de zinc comportant l’inscription suivante : « Sous le pontificat de Pie IX, sous l’empire de Napoléon III, sous l’épiscopat de Paul Marie Georges Dupont des Loges, en l’an 1868 a été construite cette église par les produits forestiers de cette commune ayant pour maire Jean Jacques Jager, pour adjoint Jean Georges Konne, pour curé Pierre Terver, pour chantre-instituteur-greffier Nicolas Boutres, pour conseillers municipaux Pierre Berviller, Jean Pierre Albert, Philippe Douilly, Nicolas Borr, Alexandre Gresset, Alexandre Lacroix, Pierre Blanc, Jean Pierre Albert le jeune et pour conseillers et marguilliers de la fabrique Jean Pierre Gouvion, président, Jean Pierre Epinger, secrétaire, Jean Goudron, trésorier, Jean Pierre Albert et Nicolas Schmitt, membres, architecte Jacquemin de Metz, entrepreneur Auguste Marchal de Metz ».
Les travaux allèrent bon train au début mais un net ralentissement se fit sentir par la suite.Les habitants tenaient à rentrer les récoltes et délaissaient le chantier. Une période de pluie ne devait guère arranger les choses. Malgré le passage de l’évêque, les travaux stagnaient.
Pour hâter les travaux, le curé Terver contre l’avis de tous décida en accord avec l’évêque de fixer la date et le jour de la consécration de l’édifice au 8 octobre 1869. Cette décision controversée s’expliquerait par le désir du prêtre de procéder à la cérémonie le jour où on célèbre la Nativité de Marie. Il se trouvait également que cette date coïncidait avec son anniversaire et le patronyme de sa paroisse natale. Mis devant le fait accompli, les habitants redoublèrent d’effort pour que tout se passe au mieux pour la date retenue. En avril 1869, le conseil de fabrique avait déjà opté pour un grand autel en marbre. Un accord venait également d’être trouvé quant à la mise en place des autels latéraux. 
Ainsi le 8 octobre 1869, Mgr Dupont des Loges, évêque de Metz, consacra la nouvelle église sous le vocable de St Martin.
Dans l’autel avaient été insérées des reliques des St Livari, Crescenti, Innocenti, Valentini, et Martini fabriquées par la commune et ornées grâce à la générosité des fidèles de la paroisse ainsi que les plans et devis établis par M Jacquemin, architecte de Metz et M Marchal, entrepreneur de Metz. La messe fut célébrée par l’abbé Beauvallée, vicaire général, assisté de l’abbé Burtard, curé d’Ottonville et l’abbé Lacroix de Coume.Le père Goeder, rédemptoriste du couvent de Téterchen, prononça l’homélie.
Pour la cérémonie de consécration, l’évêque était assisté de l’abbé Albert, curé de Hargarten et l’abbé Lacroix de Coume.Une quarantaine de prêtres et une foule nombreuse assistèrent à la cérémonie. Auparavant, le saint sacrement avait été transféré en procession de la salle d’asile dans son nouveau lieu de culte aux sons d’une fanfare composée d’une vingtaine de musiciens de Boulay.
A l’occasion du conseil de révision des conscrits du canton de Boulay, M. le Préfet s’était lui-même rendu à Coume le 20 octobre et avait adressé ses félicitations au maire pour la contribution apportée à la construction d’un si bel édifice, non encore achevé mais dont la renommée s’était déjà répandue au-delà des limites de la commune.Par la suite, les travaux se poursuivirent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du sanctuaire : revalement, pose de la croix et du coq, installation de la statue de St Martin, pose des marches de l’escalier, finition du portail, installation des portes…
Le changement de régime suite à la défaite française lors de la guerre de 1870-71, ne devait en rien entraver la poursuite des travaux. Suivant un plan de P. Weber, maitre menuisier, des stèles furent installées dans le chœur, de s cadres posés pour le chemin de croix, des sculptures ornèrent les chapiteaux.
Pierre Terver décéda le 24 avril 1882. Sur son lit de mort, il manifesta le désir d’avoir comme successeur son neveu Jean Pierre Terver, curé de Creutzwald. Ce désir ayant été exaucé, le neveu continua son œuvre entre autre en dotant cette église de style néo-gothique d’une sonnerie de quatre cloches et en poursuivant son aménagement intérieur.


 









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